Le flot de pensées: Un outil pour les cerveaux en surchauffe
Votre cerveau sature? Vous avez trop de choses en tête? Essayez le flot de pensées
Si vous êtes hypersensible, il est possible que vous ayez un cerveau qui carbure en permanence, avec mille idées à la minutes, et que vous soyez sans arrêt en train de faire tourner ces pensées comme dans une machine à laver.
Remarquez qu’il n’est pas non plus nécessaire d’être hypersensible pour souffrir de surcharge mentale, mais c’est vrai que c’est une caractéristique que l’on retrouve souvent chez ces personnes-là.
Quoi qu’il en soit, si vous connaissez cette situation, vous souffrez peut-être d’une impression d’être submergé.e, et de ne plus savoir par quoi commencer pour faire un peu de tri et y voir plus clair.
Dans ces cas-là, j’ai découvert il y a longtemps et par hasard, qu’écrire tout ce que j’avais dans la tête, tarissait immanquablement ce flot continu d’idées entremêlées, et apaisait mon esprit. Des années plus tard, j’ai retrouvé ce concept dans des livres ou des podcasts de développement personnel sous le terme de Flot de pensées ou Pages du matin (Morning pages) comme en parle Julia Cameron dans son livre « Libérez votre créativité ».
1. Comment s’y prendre?
Quel support utiliser?
Concrètement, rien de plus simple.
Vous choisissez un carnet dédié à cet exercice (si vous souhaitez garder vos écrits), mais vous pouvez tout à fait le faire sur une feuille volante que vous jetterez ensuite si vous préférez ne pas les conserver.
Vous pouvez également créer un fichier sur votre ordinateur ou sur votre téléphone, cela n’a pas d’importance. Choisissez ce qui est le plus confortable ou pratique pour vous.
Quel temps et espace y consacrer?
Ça aussi, c’est une question de préférences.
Vous pouvez choisir d’y consacrer 5 à 10 minutes tous les jours par exemple. Vous lancez un chronomètre et écrivez sans vous arrêter durant ce laps de temps.
Mais vous pouvez aussi décider de remplir une page, trois pages (c’est ce que recommande Julia Cameron) ou le nombre que vous voulez.
Cet entraînement quotidien deviendra ainsi une habitude et votre cerveau se libèrera peu à peu grâce à ces purges régulières.
Toutefois, même si cet exercice apporte de nombreux bénéfices lorsqu’on le pratique tous les jours, vous n’en avez peut-être ni l’envie ni le temps, et préfèrerez le réaliser de façon plus occasionnelle en cas de problème ponctuel.
Il n’y a pas selon moi, de bonne ou de mauvaise façon de faire. Faites des essais et vous seul.e, saurez ce qui vous convient le mieux.
Que fait-on concrètement?
Une fois le support choisi, vous écrivez toutes les pensées et idées qui vous viennent naturellement, sans filtre ni aucun jugement, ni vous soucier de la syntaxe ou de l’orthographe. On n’est pas là pour écrire un essai philosophique, ni se culpabiliser d’avoir des mauvaises pensées, mais pour mettre à plat ces idées qui encombrent notre esprit.
Si vous avez du mal à démarrer ou peur de la page blanche, vous pouvez vous poser ce genre de questions:
. Qu’est-ce qui me préoccupe en ce moment?
. Comment j’envisage cette journée ? (demain, le jour où aura lieu tel événement,…)
. Qu’est-ce que je ressens en ce moment ou à propos de telle ou telle situation? (Dans mon corps, mes émotions,…)
. Qu’est-ce qui me stresse ou me contrarie aujourd’hui?
. Ou à l’inverse, qu’est-ce qui me fait du bien ou me rend joyeux.se ?
Vous verrez qu’une fois la première phrase enclenchée, le reste devrait suivre.
Et si vraiment rien ne vient, écrivez que rien ne vient et ce que vous ressentez à propos de ça (dévalorisation, sensation de ne pas y arriver, agacement,…)
2. À quoi ça sert?
Souffler et réduire la surcharge mentale
. La première utilité, je dirais que c’est justement de sortir de cet enchevêtrement de pensées, pour les déposer dans une boîte. Vous avez sans doute déjà eu ce souhait de débrancher votre cerveau ou de le poser sur votre table de nuit avant de vous coucher afin qu’il vous laisse un peu tranquille. C’est le but poursuivi avec cet exercice.
Explorer son cerveau
. Ensuite, le flot de pensées vous permet d’explorer les recoins les plus reculés de votre cerveau bouillonnant, et de débusquer des idées ou associations d’idées que vous n’auriez pas imaginées autrement, ou qui s’étaient bien cachées derrière les autres. Vous accédez ainsi à un niveau plus profond de votre intériorité et vous pouvez potentiellement découvrir de nouvelles perspectives.
Gardez aussi à l’esprit l’image de la pelote de laine avec le fil que l’on tire. Petit à petit, la pelote diminue et la pensée devient plus limpide.
Libérer sa créativité
. Écrire vos pensées libère votre créativité et la stimule en générant des idées de façon plus spontanée et sans contraintes. En laissant vos pensées vagabonder, vous découvrez des relations inattendues entre des situations qui semblaient éloignées, et des solutions à des problèmes peuvent apparaître.
De plus, comme les chevaux de l’imagination sont lâchés, des idées de créations peuvent surgir à ces moments-là, ce qui est plutôt intéressant quand on a une âme d’artiste.
Retrouver une authenticité
. Le flot de pensées, dans la mesure où vous mettez de côté tout jugement, vous permet aussi de vous montrer plus authentique. Comme vous ne vous préoccupez pas de garder une certaine cohérence, ni de l’approbation ou la validation des autres, vous pouvez vraiment être vous-même. Cela peut être utile si vous ressentez le besoin de faire le point par rapport à vos sentiments ou votre relation avec une personne.
Vous pouvez aussi être dans une démarche de meilleure connaissance de vos émotions et de libération d’injonctions qui vous freinent ou pèsent sur votre vie.
Révéler ses parts d’ombres
Beaucoup d’entre nous avons été élevés dans l’idée qu’il fallait être une bonne personne (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, bien qu’on puisse s’interroger sur ce que veut dire « être une bonne personne » et nous n’en avons pas tous la même définition), mais cela nous conduit souvent à refouler des pensées jugées mauvaises ou négatives, notamment envers autrui.
L’être humain étant justement humain, il lui arrive d’avoir des idées mesquines, d’éprouver de la jalousie, ou du ressentiment envers son entourage, sans que cela fasse de lui quelqu’un d’odieux ou de punissable. Nous avons donc tendance à refouler ces pensées en nous disant qu’elles ne devraient pas exister alors qu’il est intéressant de noter leur apparition. Le flot de pensées peut donc être l’occasion de permettre à ces sentiments de se révéler, et de s’interroger dessus sans que cela remette en question notre estime de nous-même.
Se détacher de ses pensées
Oui on a le droit de penser que sa voisine, son frère ou son collègue est un.e abruti.e et de même le.la haïr à certaines occasions, sans que cela nous définisse pour autant. Nos pensées ne sont que des pensées. Des milliers de pensées nous assaillent chaque jour, certaines sont louables et d’autres moins jolies, mais ce ne sont que des pensées. Elles passent et ne définissent pas qui nous sommes, ni ne posent de jugement définitif sur nos relations à autrui. Ce n’est pas parce-que je ressens de la rage contre telle personne que je ne l’aimerai plus demain. C’est humain et il ne faut pas s’auto-flageller pour ça.
Mieux se connaître
. De la même manière, cet exercice peut pour aider à avoir une meilleure connaissance de vous-même en explorant votre moi profond. Vous comprendrez mieux vos motivations, vos croyances, vos désirs et vos besoins cachés derrière vos émotions.
Paul Valéry, poète, écrivain et philosophe français du XXème siècle disait: « Je ne sais pas ce que je pense avant de l’avoir écrit ». J’ai pu constater ce phénomène à de nombreuses reprises, comme si le fait de noter ce que j’avais dans la tête, me permettait de mieux organiser ma pensée. Il m’est arrivé de me dire: « Tiens, je ne savais pas que je pensais ça! ».
Réduire son anxiété
. Enfin, cela peut vous aider à réduire votre anxiété car le flot de pensées peut être utilisé comme outil de gestion du stress en mettant en lumière vos pensées anxieuses ou intrusives, vos schémas dysfonctionnels récurrents ou votre scénario-catastrophe habituel. Vous pourrez ainsi être plus calme et prendre du recul par rapport à vos soucis.
3. On en fait quoi?
Là aussi plusieurs solutions s’offrent à vous.
Soit on n’en fait rien !
L’exercice du flot de pensées peut être suffisant en soi. Comme je l’ai dit, rien que le fait d’écrire et de coucher sur le papier vos émotions et vos pensées, peut vous aider à vous sentir mieux, à faire le tri ou à prendre conscience de tout ce qui se trouve dans votre tête.
Soit on se pose pour repérer les thèmes qui se dégagent
Il arrive souvent que l’on tourne autour des mêmes préoccupations et en constatant ces répétitions, on peut s’interroger, et essayer d’approfondir pourquoi cela revient tout le temps. On prend donc un peu de hauteur et on a ainsi une meilleure vision de nos problématiques actuelles, qui peuvent devenir des pistes de travail intéressantes à creuser.
Soit on choisit de travailler sur une de ces pensées ou émotions
On peut avoir quelque chose qui nous préoccupe de façon trop récurrente à notre goût ou qui nous perturbe à un instant T, et choisir de le traiter spécifiquement.
Pour ceci, j’utilise un autre exercice développé par Brooke Castillo, une coach de vie américaine, et qui permet de modifier les pensées qui nous perturbent. J’ai un peu adapté l’exercice à mes besoins, et je vous en parlerai dans un prochain article car c’est un outil que l’on peut facilement mettre en place de façon autonome pour élaborer un travail en première intention.
Mais si le problème est plus ancré, cette « reprogrammation » de notre cerveau concernant ces pensées « par défaut » qui nous font souffrir, est à la base du travail mené en thérapies T.C.C (thérapies cognitive-comportementales). L’E.M.D.R peut également traiter les traumas sous-jacents qui ont mené à la formation de ces pensées.
Si vous ne parvenez pas à vous libérer de pensées intrusives par vous-même, n’hésitez pas à vous tourner vers un.e psychologue ou un.e psychothérapeute qui pourra vous guider dans ce travail.
4. En résumé
Je vous recommande vivement donc de tester cet exercice du flot de pensées car il peut vraiment être utile aux personnes qui ont tendance à mouliner un peu trop du cerveau. Pour ma part, c’est un exercice que je pratique régulièrement quand je constate que je suis un peu submergée.
Vous aurez peut-être un peu de mal au début, notamment si écrire n’est pas un exercice qui vous est familier, mais encore une fois, il ne s’agit pas de faire de la littérature.
Vous ne faites cet exercice que pour vous-même, il n’est pas destiné à être lu et personne ne viendra vous dire que vous écrivez mal ou n’importe quoi puisque vous serez seul.e à le lire.
Si la crainte que ce carnet soit découvert par des yeux indiscrets vous assaille, cachez-le dans un endroit bien à vous, ou déchirez les feuilles une fois l’exercice terminé si cela vous rassure.
Et quand bien même quelqu’un tomberait dessus et sur des écrits qui le concernent, vous pouvez toujours expliquer que c’est un document personnel, destiné uniquement à faire le tri dans vos idées, et que comme tout être humain, vous avez parfois des pensées moches qui surgissent à un instant T, mais qui ne sont pas définitives. Est-ce que cette même personne n’a jamais de mauvaises pensées? Si elle est honnête, elle devra sans doute reconnaître que oui, car qui n’en a pas?
Je vous mets le lien vers l’épisode de podcast de Change ma vie proposé par Clotilde Dusoulier sur le flot de pensées, et qui évoque notamment cette éventuelle peur que vous pourriez avoir de la découverte de votre carnet.
D’ailleurs, je vous recommande vivement l’écoute de ce podcast qui est une mine d’or sur le développement personnel, et propose de nombreux outils très intéressants. Je suis moi-même une auditrice assidue de ce podcast qui m’a notamment servi de guide pour l’écriture de cet article.
Alors tentez l’aventure du flot de pensées et venez me dire si cet exercice vous a aidé.e!